"Handicap, et alors ?", c’est quoi ?
En France, la loi de 2005 reconnaît aux personnes en situation de handicap le droit au respect de leur vie privée et à l’exercice de leur autonomie, y compris dans le domaine de la sexualité. Quand on se rappelle que jusqu’alors, la tendance était plutôt à la négation, la stigmatisation, voire à la répression de la sexualité des personnes en situation de handicap, c’est une grande avancée. C’est aussi cette histoire d’infantilisation des personnes en situation de handicap dont on a longtemps considéré la sexualité comme « déviante » qui expliquent que les personnes concernées et leur entourage familial, social et institutionnel ont besoin d’un accompagnement sur ces questions de vie relationnelle, affective et sexuelle.
Le Mouvement Français pour le Planning Familial défend notre droit à toustes de vivre une sexualité vécue sans répression ni dépendance, dans le respect des différences, de la responsabilité et de la liberté des personnes. Notre association féministe intersectionnelle, par ses activités, mène une lutte conjointe contre tous les systèmes d’oppressions, y compris l’oppression validiste (discrimination à l’égard des personnes en situation de handicap).
Nous faisons le constat suivant :
« Si le handicap lui-même restreint l’accès au corps et à l’autonomie sexuelle, les cadres institutionnels non adaptés, les pros en manque d’outils et de ressources, comme les familles parfois désemparées, sont autant d’obstacles à une avancée vers l’autonomie sexuelle, affective et relationnelle des personnes en situation de handicap. »
C’est sur cette base qu’est construit le programme « Handicap et Alors ».
En partant de l’expérience vécue des personnes en situation de handicap, le Planning Familial a élaboré un programme d’accompagnement, non seulement des personnes en situation de handicap, mais également de leurs familles, des pros et des institutions. Au-delà de l’enjeu de faire respecter la loi de 2005, il s’agit plus généralement de lutter pour le respect de l’intimité des personnes en situation de handicap et pour qu’elles accèdent, librement et de manière adaptée à leurs besoins spécifiques, à une éducation à la sexualité.
Il faut aussi rappeler qu’en France, en 2025, le handicap est le premier critère de discrimination. Le Planning Familial remplit donc une mission de prévention et d’accompagnement de ces violences sexuelles dont sont victimes les personnes en situation de handicap.
Quelques chiffres et faits :
- Les personnes handies sont 5 fois plus victimes de violences sexuelles que les autres
- On estime que 80% des femmes en situation de handicap ont été victimes de violences sexuelles.
- En 1998, 500 cas de stérilisation forcée de personne handie ont été répertoriée. Nous n'avons pas de chiffres plus récent, mais on estime ces chiffres en-dessous de la réalité. Depuis la loi de 2001, la stérilisation est plus encadrée.
- Encore de nombreuses institutions accueillant des personnes handies imposent aux jeunes femmes une contraception.
Et au Planning Familial 13, qu’est-ce qu’on fait ?
En 2024, le Planning Familial 13 a travaillé avec environ 70 organismes et associations sur les sujets de handicap et de santé mentale sur les Bouches-du-Rhône. En tout, c’est une cinquantaine d’actions dans sur tout le département : accueil de publics dans les locaux du 106 boulevard National, entretiens individuels et interventions en groupe, séances de théâtre de l’opprimé sur les questions de vie affective et sexuelle et de validisme, formation des pros et des proches, rencontres avec les institutions…
Au Planning Familial 13, nous proposons, dans cette perspective, une formation « Handicap, vie affective et sexuelle » aux pros du champ du handicap, qui met en avant l’importance d’être à l’écoute des questions liées à la sexualité, de prendre en compte la dimension affective et relationnelle de l’accompagnement des personnes en situation de handicap et de mettre en place des actions d’éducation à la sexualité auprès de ces publics.
Comment favoriser l’autonomie des personnes en situation de handicap que l’on accompagne ? Comment « prendre en charge » ces publics sans envahir leur intimité ? Comment ne pas entraver la reconnaissance et l’expression de leur vie sexuelle ?
En travaillant avec elleux sur leurs pratiques, leur positionnement, leurs représentations, nous accompagnons et formons les pros à la promotion de l’autonomie des personnes au sujet de tout ce qui concerne la sexualité et la vie affective et relationnelle, ainsi qu’à la mise en conformité de leurs pratiques et règlements intérieurs avec la loi de 2005.
Par ailleurs, notre centre de santé sexuelle est un espace d’écoute où orienter les personnes handies qui souhaiteraient parler de vie affective, relationnelle et sexuelle. Notre équipe est formées pour adapter son écoute et son langage aux besoins spécifiques de chacun-es. Les locaux sont équipés pour recevoir du public handi dans ses permanences d’écoute.
Dans le cadre de l’éducation à la vie affective et sexuelle, les outils d’animation qui sont utilisés durant les permanences d’écoute et les interventions collectives sont adaptés au vécu émotionnel et cognitif de ces publics : supports pédagogiques écrits en FALC (FAcile à Lire et à Comprendre), outils en braille, matériel à toucher, poupées sexuées…
Une de nos pièces de théâtre-forum, Un amour impossible est l’occasion de travailler en groupe sur les thématiques de l’autodétermination et de l’affirmation de soi, tout en passant en revue les questions de l’accès à l’intimité quand on vit en institution et sur la tension entre protection des résident-es et intrusion dans leur relations intimes.