Nos actualités associatives

Soutenez le Planning familial 13, et adhérez à l'association

Le Planning Familial 13 mène des missions indispensables de prévention et de santé auprès de toute personne ayant des besoins concernant la vie affective, relationnelle et sexuelle. C'est un lieu d'écoute et d'accueil inconditionnel pour des personnes victimes de violence ou de discriminations. Chaque année, ce sont près de 24 000 personnes touchées par nos actions.

Les adhérent·es sont des relais essentiels de la pensée féministe et du mouvement du Planning Familial. Adhérer au Planning Familial 13, c'est soutenir nos actions, partager nos combats et nous permettre d'exister de manière indépendante.

L'extension de la Prime Ségur aux salarié·es du Planning Familial 13 en 2024 et l'annonce par le gouvernement de risques de baisse de subventions fragilisent financièrement notre association. Pour nous soutenir et nous aider à maintenir nos activités sur le territoire, devenez adhérent·e du Planning Familial des Bouches-du-Rhône !

Pour nous rejoindre et adhérer au Planning Familial 13, rendez-vous sur notre page HelloAsso.

L’écoute active et le métier du conseil conjugal et familial (CCF)

Une des raisons pour lesquelles on peut venir au Planning Familial, c’est pour être écouté·e pendant nos permanences à Marseille, Aix-en-Provence, Istres, Miramas et Salon-de-Provence. Cet espace d’écoute est ouvert à toustes, sans condition, de manière confidentielle, anonyme et gratuite. On peut venir au Planning peu importe son âge, son identité de genre, son orientation sexuelle, sa situation administrative. C'est un accueil inconditionnel. On peut venir parler de tout ce qui concerne la vie affective, relationnelle et sexuelle, de ce qui se passe bien et de ce qui se passe mal, mais aussi des violences du passé et du présent. On y est reçu·e par des CCF qui pratiquent ce qu’on appelle l’écoute active.

L’écoute active, c’est quoi ?

Écouter activement demande de se déplacer depuis sa position, jusqu'à celle de l'autre personne, pas pour se mettre à sa place mais pour comprendre d'où elle parle, ce qui est important pour elle, ses ressentis et ses émotions. C’est pour ça qu’au Planning nous parlons d’une écoute « centrée sur la personne ».

Notre posture d'écoute a pour but de renforcer l'autonomie et l'auto-détermination des personnes que nous recevons. Au Planning, nous pensons que chacun·e détient un savoir sur soi-même, son corps, son histoire et qu’iel sait ce qui est bon ou mauvais pour ellui. Conscient·es des enjeux de pouvoir dans le monde médico-social, en particulier entre les pros (qui auraient toutes les réponses) et les personnes accompagnées, nous nous efforçons de réduire cette asymétrie dans la relation et redonner du pouvoir de choix aux personnes. Par exemple, cela passe par l'aménagement de nos espaces d'accueil (pas de bureau, des fauteuils confortables) ou encore par le fait d'assumer nos endroits d’ignorance et de doute – dire à la personne que l'on écoute « je ne sais pas », « je ne suis pas sûr-e », « je vais vérifier »...

Le métier de conseiller·ère conjugal·e et familial·e

Au planning Familial, ce sont les CCF qui accueillent et écoutent les personnes. Les CCF remplissent des missions d’information, d’orientation et d’accompagnement dans tous les domaines liés à la vie affective, relationnelle et sexuelle, aux conduites à risques, aux discriminations, aux violences (qu'elles soient sexuelles, sexistes, conjugales, intrafamiliales...). Les CCF s'impliquent plus largement dans la promotion de la santé et dans l'éducation à la sexualité, grâce à des stratégies de réduction des risques.

Au quotidien, les CCF du PF13 accueillent les usager·ères lors des permanences d’écoute pour des entretiens individuels, de couple ou de famille, lors des accueils collectifs pour les Interruptions Volontaires de Grossesse. Iels assurent aussi des séances d’Éducation à la Vie Affective Relationnelle et Sexuelle auprès d’enfants et d’adolescents dans des écoles, des collèges, des lycées, mais aussi d’adultes de différentes structures du territoire.

Le PF13 est aussi un organisme de formation et propose une formation certifiante au conseil conjugal et familial (CCF) qui permet de travailler dans un Planning familial, mais également dans des centres de santé sexuelle (CSS), des centres d’interruption volontaire de grossesse (CIVG), en libéral et dans d’autres structures associatives ou institutionnelles.

Le numéro vert au Planning familial 13

Le numéro vert 0800 08 11 11, anonyme et gratuit, est accessible du lundi au samedi, de 9h à 20h. C’est un dispositif national qui propose un espace d’écoute à distance, pour lutter contre les difficultés d’accès à l’information, les inégalités dans la prévention et dans les parcours de soin.

Il s’agit d’un numéro national unique : les personnes sont ensuite redirigé·es vers des écoutant·es du Planning familial de leur région. Ces dernier·es les orientent ensuite vers des professionnel·les de la santé sur leur territoire et répondent à leurs questions sur les relations affectives et sexuelles, sur l’IVG, la contraception, les IST. La majorité des appels concernent l’IVG, et parmi ces appels la plupart sont des demandes d’informations sur les délais légaux en France, les démarches à suivre, le parcours de soin, les différentes méthodes etc. Mais les personnes se saisissent aussi du numéro vert comme d’un espace d’écoute où exprimer des ressentis, des doutes, des craintes...

 

Par téléphone, par tchat ou par mail, vous pouvez retrouver des articles, informations et orientations sur le site www.parlons-sexualites.fr

3 questions à Camille S, écoutante au numéro vert national pour l’AD13

Quelles sont les questions sur l’IVG qui reviennent souvent au numéro vert ?

D’après Camille S, les appels concernant l’IVG au numéro vert sont principalement des besoins d’informations sur l’IVG en général et sur les démarches à faire pour en réaliser une. Souvent, les appels donnent quelque chose comme « J’appelle parce que je ne sais pas comment ça se passe. Je veux des infos, expliquez-moi ! » ; « J’appelle parce que je suis enceinte et je ne veux pas le garder. Comment ça se passe ? » ; « Où est-ce que je peux faire une IVG ? Je sais plus ou moins comment ça se passe, mais je ne sais pas où aller. » Selon elle, l’enjeu principal, au numéro vert, c’est de rendre les choses plus claires.

Concernant l’accueil IVG, en quoi l’accompagnement par téléphone est-il différent par rapport à une permanence d’écoute au Planning ?

« Pour moi, c’est plutôt l’aspect info qui prend le dessus sur l’écoute. Au téléphone, les personnes se saisissent peu de l’espace d’écoute. Ici, à la perm’ au Planning, on peut prendre un peu plus de temps 30, 45 min voire 1h parfois. Au numéro vert, en moyenne, c’est 10-15 min par appel. Ce qui change aussi par rapport à la perm’, c’est l’immédiateté : souvent les personnes nous appellent en nous disant « Je viens de faire le test, je viens d’apprendre que je suis enceinte. »

Ce qui est différent aussi, c’est qu’on ne voit pas les gens. On ne peut pas interroger leur langage non-verbal. Mais on peut entendre les pleurs par contre, et interroger ça.

C’est vrai que j’entends aussi leur vie derrière elles : le gosse qui pleure par exemple à l’arrière-plan du téléphone. Au numéro vert, tu es chez elle, parfois c’est dans la voiture, parfois c’est sur la route pour aller à son cours de théâtre. Tu es dans la vie quotidienne des gens. »

Quelles évolutions vois-tu au numéro vert sur les appels concernant l’IVG depuis que tu as commencé ?

Selon Camille S, écoutante depuis 8 ans, il n’y a pas vraiment d’évolution dans les appels qu’elle reçoit au numéro vert concernant l’IVG, contrairement à la contraception – les appels pour des questions sur la contraception masculine sont nouveaux – et aux IST – depuis quelques temps, elle reçoit beaucoup d’appels au sujet du HPV, de type « Je suis positive au papillomavirus, est-ce que ça veut dire que mon conjoint me trompe ? ». Au numéro vert, les questions concernant l’IVG restent les mêmes.

Le PF13 participe au colloque Osons l'égalité

Colloque du réseau "Osons l'Égalité"
« Questionner ses pratiques éducatives et son langage en matière d'égalité femmes-hommes »

Mercredi 21 mai 2025, 9h-16h30

Le colloque du réseau Osons l’égalité est destiné aux enseignantes et enseignants et professionnel.les du secteur socio-éducatif, mais également de toute personne désireuse de mieux comprendre les questions d'égalité femmes-hommes.
Il abordera la question des pratiques éducatives, avec le matin les interventions de Lisa Fericelli, docteure en psychologie du développement et de l'éducation sur le thème de "la vigilance à l'action : comment construire un environnement pédagogique égalitaire ?" et de Éléonore de Beaumont, linguiste sur le thème "déconstruire les biais sexistes dans la langue : enjeux et propositions pour un enseignement critique"
L’après-midi auront lieu cinq ateliers pratiques à l’issue d’un déjeuner offert.
Le  Planning  familial propose dans ce cadre un atelier en partenariat avec le collectif Transbordeur autour de la parole et des récits de jeunes et tient un stand pour  échanger avec les participant.es.

Inscription :
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSdE1bSxTrb2Gt38fb15eivHWyTkUjXyTj7p5ioO3YFrEluuBA/viewform

Participation en visio :
https://us02web.zoom.us/j/87545594540?pwd=Xh51Ov7xQq1aUjYzakTD535dC1MUNr.1

Lieu
Maison du Développement Industriel (MDI), 38 rue Frédéric Joliot Curie, 13013 Marseille (métro La Rose puis bus B3B arrêt Technopôle).

Santé sexuelle : IST et permanences TROD au Planning familial 13

L’Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et Sexuelle (EVARS) qui fait tant parler d’elle ces derniers mois est un des maillons essentiels de la réduction des risques dans le domaine de la santé sexuelle. Ces séances sont un moyen de transmettre de l’information sur les infections sexuellement transmissibles (IST), sur les manières de s’en protéger, de les traiter et de vivre avec. C’est aussi un levier pour contrer des approches alarmistes, stigmatisantes, stéréotypées concernant les IST-VIH et leur modes de transmission, et lutter contre la sérophobie. Lutter pour l’accès de toustes à la prévention des IST est essentiel dans un contexte où 23 % des moins de 24 ans s'estiment mal informés sur le VIH et où les taux de prévalence des IST – en particulier chlamydia, gonococcies et syphilis – augmentent en Europe en touchant particulièrement les 15-25 ans.

C’est pourquoi, un des objectifs des séances d’EVARS est l’identification par les jeunes des lieux ressources où se faire dépister gratuitement et sans ordonnance : les centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (comme le CeGIDD Colbert et le CeGIDD Saint Adrien) ; les centres de santé communautaires (comme le Spot Longchamp) ; les laboratoire d’analyses médicales depuis septembre 2024 ; et les centres de santé sexuelle (CSS) comme le Planning familial de Marseille.

 

Depuis 2021, les vendredis après-midi, de 14h à 17h sans rendez-vous, dans les locaux du Planning familial 13 au 106 boulevard National à Marseille, il est possible d’effectuer des dépistages TROD, de manière gratuite et anonyme, pour toustes, y compris les personnes mineur-es (sans autorisation parentale, ni accompagnant-e majeur-e) et quelque soit sa situation administrative sur le territoire.

Le TROD, c’est un Test Rapide d’Orientation Diagnostique : il suffit d’une piqûre au bout du doigt et le résultat est presqu’instantané. Après un entretien préalable, qui permet d’identifier les éventuelles prises de risque et d’échanger autour de la santé sexuelle, le test permet de détecter la présence des anticorps du VIH et du VHC (Hépatite C) dans le sang. Il est fiable pour toutes les prises de risques ayant eu lieu plus de 3 mois avant le test.

Les conseillères conjugales et familiales du PF13 se déplacent aussi pour TRODer à l’extérieur, comme par exemple à l’INSEAMM (Beaux-Arts de Marseille), où trois fois par an le Planning tient un stand et effectue des dépistages TROD pour les étudiant-es au sein de l’établissement.

Avec le soutien de la ville de Marseille et du laboratoire Gilead.

 

Pour aller plus loin :

L’IVG hors-délais au Planning familial 13

Le Planning familial 13 est un Centre de Santé Sexuelle (CSS) et, à ce titre, une de ses missions est de garantir l’accès effectif à l’IVG. Cela passe par la prise en charge de situations invisibilisées, dont l’accompagnement des femmes hors-délais pour des avortements à l’étranger, comme le rappelle le communiqué inter-Plannings départementaux publié le 8 mars contre les politiques d’austérité qui menacent de fermeture plusieurs CSS en France.

 

En France, au-delà de 14 semaines de grossesse, faire le choix d’avorter nécessite d’en avoir les capacités financières. Cette inégalité économique face à l’avortement peut contraindre les plus précaires à poursuivre des grossesses sans qu’elles aient pu avoir le choix.

Au Planning familial 13, il arrive que des conseillères reçoivent à la permanence d’accueil des personnes hors-délais qui font le choix d’avorter et ont besoin d’une aide pour financer le coût de l’opération, de l’aller-retour en Espagne, où les délais pour avorter sont plus longs, et de l’hébergement sur place. Quand ça arrive, on envoie un mail aux adhérent-es en expliquant la situation de la personne concernée avec le lien de la caisse de solidarité sur HelloAsso. Les coûts sont très élevés (entre 700 et 3000 euros) et souvent les personnes ne disposent que de très peu de temps pour réunir ces sommes et s’organiser. Le réseau « Accompagnement IVG » des bénévoles du PF13 est parfois sollicité pour accompagner ces personnes, mineures ou majeures, dans le parcours d’IVG à l’étranger. En 2024, le PF13 a appelé trois fois à la solidarité de ses adhérent-es pour accompagner des usagères. Et, depuis le début de l’année 2025, ce sont deux personnes qui ont sollicité la caisse IVG délais dépassés.

Cet accompagnement matériel et cette démarche de solidarité financière se doublent, au plan militant, d’une lutte pour l’extension des délais qui permettrait à toustes d’avoir une solution pour avorter en France : tant qu’il existera des délais, des femmes se retrouveront hors de ces délais ! C’est pourquoi le PF13, aux côtés du MFPF, revendique l’allongement du délai légal pour avorter en France pour que toute personne, quelque soit l’avancée de sa grossesse, puisse choisir de l’interrompre.

 

Pour aller plus loin :

Attaques sur l'accès aux soins

Coupes budgétaires et fermeture de CSS

Un Centre de Santé Sexuelle (CSS) est un lieu, parfois rattaché à un centre hospitalier, parfois directement au sein des antennes du Planning familial, subventionné par les départements. Les personnes s’y rendent pour être écoutées, pour chercher de l’information sur la vie affective, relationnelle et sexuelle et pour consulter des gynécologues et des sages-femmes.

L’accueil y est inconditionnel : c’est gratuit et anonyme, tout le monde peut se rendre dans un CSS. C’est un relai central, pour toustes, y compris les populations vulnérables, dans la prévention et l’accompagnement psychologique et médical des personnes au sujet de la contraception, de l’IVG et des violences sexuelles.

Sur l'ensemble du territoire, les centres des Planning Familiaux sont menacés par les coupes budgétaires. Fermer les centres de santé sexuelles c'est mettre en péril l'accès au soin de milliers de personnes, c'est rendre plus difficile l'accès à l'IVG pour celleux qui le souhaitent.

Dans les faits, moins de subventions pour les CSS et le Planning familial, c’est :

  • la suppression de lieux d’accès aux soins (40% de lieux en moins dans la Drôme) ;
  • la suppression de centaines de consultations médicales par semaine sur le territoire ;
  • la suppression d’interventions d’EVARS en milieu scolaire (suppression de 40 séances en Loire-Atlantique, soit, à l’échelle des Pays de la Loire, 2 000 élèves qui n’auront pas de séance d’EVARS comme prévu en 2025) ;
  • la suppression de permanences d’écoute ;
  • des licenciements au sein des équipes salariées ;
  • un recul dans la prévention et la prise en charge des victimes de violences sexistes, sexuelles, conjugales et intrafamiliale.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ces coupes budgétaires affectent l’accès aux droits des usager-es, les premier-es touché-es étant les publics jeunes et/ou en situation de précarité et les habitant-es des zones rurales. Les inégalités y sont les plus importantes, à la fois en termes d’accès aux soins et de violences conjugales (près de 50% des féminicides ont lieu en zone rurale). Les risques, ce sont des retards de prise en charge dont des IST non diagnostiquées, des IVG tardives, voire des situations de personnes hors-délais et de potentielles complications. À terme, ces décisions affectent la santé publique : on sait que la prévention – massive, pour toustes, tout au long de la vie et sur l’ensemble du territoire – est le principal levier de réduction des violences sexistes et sexuelles, des inégalités de santé et des inégalités de genre. Et si tout cela n’est pas suffisant et qu’il est besoin d’un argument économique, Sandrine Mansour, coordinatrice régionale du Planning familial en Pays de la Loire, explique : « C’est un calcul à court terme : un euro mis dans la prévention santé, c’est 37 euros d’économisés en soins. ».

La constitutionnalisation de l’IVG ne nous protège pas des attaques des politiques publiques de droite et d’extrême-droite contre l’effectivité de nos droits sexuels et reproductifs. La présence de CSS sur l’ensemble du territoire est un enjeu de santé publique et non une variable d’ajustement budgétaire. Lutter contre la fermeture des CSS, c’est lutter pour le respect effectif des droits sexuels et reproductifs et pour l’égalité dans l’accès aux soins pour toustes et sur l’ensemble du territoire.

Le Planning familial 13 n’échappe pas aux pressions économiques. Depuis l’automne, la direction tire la sonnette d’alarme concernant ses difficultés financières, notamment auprès des élu-es. En effet, début août 2024, la Prime Ségur a été étendue aux salarié-es du secteur social et médicosocial privé dont font partie les salariées du Planning familial. Si cette décision est une avancée à titre individuel pour les salarié-es, sans compensation de l’État, elle met concrètement l'association en difficulté financière – ce qui est aggravé par l’incertitude quant au renouvellement de certains financements publics. Au PF13, nous avons pour l'instant privilégié de demander à ce que le montant des subventions accordées intègre l'augmentation des coûts liés à cette prime.

L’Aide Médicale d’État menacée, c’est les droits à la santé sexuelle attaqués

Une autre attaque contre l’accès aux soins et aux droits en santé sexuelle, c’est le projet de loi de financement de la Sécurité sociale – revenue sur le devant de la scène au moment du vote du budget 2025 – qui menace l’Aide Médicale d’État (AME).

L’AME est un dispositif public qui permet aux personnes exilées, réfugiées ou demandeuses d’asile de bénéficier d’un accès à la prévention et aux soins gratuits sur le territoire – sauf à Mayotte où l’AME ne s’applique pas. C’est-à-dire que les soins médicaux et hospitaliers des bénéficiaires sont pris en charge à 100 %, et sans avance de frais, dans la limite des tarifs de la Sécurité sociale. En ce qui concerne spécifiquement la santé sexuelle, les soins couverts comprennent certains dépistages et les frais liés à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse. Cette aide est soumise à conditions de ressources : il faut percevoir moins de 847 euros par mois pour une personne seule. Elle concerne les personnes résidant en France depuis plus de 3 mois sans titre de séjour – sauf pour les mineurs qui bénéficient de l’AME sans délai.

Le 31 janvier 2025, députés et sénateurs ont décidé d’une coupe budgétaire concernant l’Aide Médicale d’État (AME). Ce qu'il se joue en réalité, c'est un démantèlement à bas bruit du dispositif. Parmi les propositions : réduire les soins accessibles avec l’AME, voire la remplacer par une  Aide Médicale d’Urgence (AMU), renforcer les contrôles par l’Assurance maladie, conjugaliser le calcul des ressources en faisant passer le seuil d’admissibilité à l’AME à 1 271 euros par mois pour un couple en France métropolitaine. Ces mesures auraient pour conséquence de priver des dizaines de milliers de femmes exilées de couverture santé, tout en les maintenant dans une situation de dépendance financière auprès de leur conjoint concernant leur accès aux soins, au risque d’accroître leur vulnérabilité face aux situations d’emprise, de chantage aux papiers, de violences financières et conjugales.

Or, s’il est besoin de contre-argumenter, toutes les données des rapports sur le sujet et tous les retours des acteurices de terrain prouvent le contraire. Déjà, la « migration pour soins » est un épouvantail agité par les réactionnaires. En réalité, la proportion des bénéficiaires reste stable depuis 10 ans et seulement 51% des personnes éligibles à l’AME en bénéficient effectivement : les personnes en situation migratoire ont peu connaissance de ce dispositif qui leur est bien souvent difficilement accessible matériellement. Ensuite, sur le plan économique, l’AME c’est seulement 0,5% des dépenses de l’Assurance maladie en 2023 et sa destruction entrainera des prises en charges plus tardives, donc plus graves, donc plus coûteuses.

Enfin, l’AME est un dispositif absolument nécessaire à la protection de la santé individuelle et publique : le renoncement aux soins que causerait une réforme de l’AME aurait pour effet la dégradation de l’état de santé des personnes exilé-es et donc de l’état de santé publique car la santé d’une population, c’est la santé de toutes et tous.

L’AME est un pilier essentiel de l’accès aux droits et aux soins des personnes étrangères en situation précaire, particulièrement fragiles sur le plan sanitaire et social. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les premières victimes de ces violences institutionnelles sont les femmes en situation administrative précaire. Plus particulièrement, c’est leur accès aux soins post-agression, à la contraception d’urgence, à la chirurgie de reconstruction à la suite de mutilations génitales, aux traitements préventifs contre le VIH (PrEP) qui est menacé.

Le Mouvement français pour le Planning Familial et les associations de défense des droits des exilé-es défendent un système de soins inclusif qui passe par un accès simplifié et sans obstacle à une couverture maladie pour toutes et tous grâce à l’instauration d’une carte vitale pour les usagers de l’AME afin de favoriser l’accès aux soins des plus précaires, d’alléger le travail administratif des soignants et de l’Assurance maladie et de renforcer notre santé publique.

Pour un accueil inconditionnel, partout ET pour toustes

Au Planning familial 13, on milite pour l’accueil inconditionnel des personnes, peu importe leur genre, leur âge, leur situation financière, administrative ou de validité. En 2023, 1755 consultations gynécologiques ont été réalisées au CSS du Planning familial de Marseille. Elles sont sur rendez-vous, gratuites pour toustes et sans avance de frais (y compris pour les personnes non-assurées par la Sécurité sociale), anonymes sur demande. Elles sont accessibles quelle que soit la langue des patient-es grâce au recours à l'interprétariat en langue étrangère, adaptées aux personnes en situation de handicap et aux personnes grosses (la table d’orthogénie est conçue pour pouvoir accueillir des personnes de plus de 100kg, ce qui est encore rare et témoigne de la grossophobie du milieu médical).

Le Planning familial 13 porte également deux dispositifs régionaux : le numéro vert 0 800 08 11 11 et le site internet www.parlons-sexualites.fr. Ils permettent une accessibilité à l’information, l’écoute et l’orientation pour les personnes éloignées des centres urbains. Les salariées en charge de ces projets, Marion et Coline, disposent donc d'un aperçu de l’accès aux soins au niveau de l’ensemble de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Elles repèrent des zones moins couvertes : ce sont des zones dans lesquelles les femmes qui souhaitent effectuer une IVG sont obligées de parcourir de longues distances, parfois même de changer de département, pour trouver un-e médecin, un CSS, un centre hospitalier. On appelle cela le « taux de fuite ». Ou alors ce sont des zones dans lesquelles les demandes d'anonymat ou encore la prise en charge des personnes en situation administrative précaire sont plus difficiles à mettre en place. Elles identifient en particulier le secteur de Dignes-les-Bains et l’est des Alpes-de-Haute-Provence (04) ; le sud et l’est des Hautes-Alpes (05) ; le secteur d’Arles et des Alpilles, les 15e et 16e arrondissement de Marseille ainsi que le nord des Bouches-du-Rhône (13) ; le nord du Var (83) et le nord du Vaucluse (84). Pour assurer malgré tout nos missions de prévention dans ces zones moins couvertes, les salarié-es identifient les structures accueillant du jeune public (établissements scolaires, centres sociaux, missions locales…) et les pharmacies, médecins généralistes et sages-femmes à proximité, pour pouvoir communiquer auprès d'elleux sur le numéro vert et le site internet, et ainsi travailler à l’identification des lieux ressources en santé sexuelle auprès de ces publics éloignés du soin.

Communiqué de presse inter-AD - Alerte sur les fermetures de CSS

Pour une éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle

Un programme d'Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et Sexuelle

 

Le mot « EVARS » a fait irruption dans le débat public à la fin de l’année 2024 en raison de l’actualité de la publication du programme d’Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et Sexuelle le 6 février dernier, pour une entrée en vigueur à la rentrée scolaire 2025.

Au niveau national, l’élaboration du programme d’EVARS a déclenché des vagues de résistances et de fake news de la part de franges réactionnaires allant de la droite catholique traditionnelle à l’extrême-droite, héritières de la Manif pour tous et relayées par les sénateurs LR et les médias Bolloré. Ces attaques sont menées par des associations de parents d’élèves faussement apolitiques (parmi lesquelles Mamans louves, Parents Vigilants, Parents en colère), le Syndicat de la famille et SOS-Éducation – les premiers dans une filiation zemmouriste et/ou antivax assumée, les seconds soutenus par l’ex-ministre délégué en charge de la « Réussite scolaire et de l'Enseignement professionnel », Alexandre Portier.

La publication du programme est une avancée mais, comme l’explique le Collectif Enfantiste sur Instagram, elle s’est faite au prix d’un lissage des propositions des militant-es et des professionnel-les de l’EVARS. Dans cette dernière version édulcorée, plusieurs sujets sont abordés plus tard que prévu au cours de la scolarité – l’identité de genre et les parcours trans, le consentement et la prévention des violences sexistes et sexuelles – ; certains sont tout bonnement invisibilisés – l’homoparentalité, les existences trans, non-binaires, intersexes et asexuelles – ; et d’autres sont réduits à une approche scientifique – l’éducation menstruelle. Comme l’explique la journaliste Rozenn Le Carboulec dans sa newsletter Gendercover, entre l’avant dernière version du programme votée à l’unanimité le 29 janvier et la version finale parue une semaine plus tard, la formulation « homophobie et autres »  remplace et invisibilise la transphobie, qui ne figure plus nulle part dans le nouveau programme d’EVARS. Ce détail, qui n’en est pas un, témoigne d’un recul face aux pressions conservatrices.

Ce nouveau programme d’EVARS n’est qu’une première étape et tout reste à faire : on est bien loin dans les faits des trois heures d’EVARS par an, obligatoires depuis 2001. En 2024, moins de 15% des élèves en auraient bénéficié. Le personnel de l’Éducation nationale dénonce un manque d’heures allouées et de formations des professeur-es, ce à quoi s’ajoutent les coupes budgétaires pour les associations qui viennent faire de l’EVARS en milieu scolaire.

 

L'EVARS au Planning Familial 13

 

En 2023, le Planning familial 13 est allé à la rencontre de 7042 élèves et 558 étudiant-es dans 7 écoles, 24 collèges, 17 lycées et 11 établissements d’enseignement supérieur pour faire de l’EVARS. Ces séances, ce sont des « groupes de parole et d’information » et non des cours sur la sexualité. Il s’agit d’instaurer un espace-temps de dialogue, de débats, à partir des sujets que les élèves amènent elleux-mêmes et sur lesquels iels souhaitent s’exprimer : les animateurices partent de ce que les jeunes disent et savent, des mots qu’iels utilisent. Plusieurs principes guident ces interventions : non-mixité, animation non-directive, discipline moins stricte, confidentialité et non-jugement. Les animateur-ices de préventions travaillent avec les équipes enseignantes en les impliquant dans leurs interventions. Si la présence d’un-e adulte référent-e de l’établissement est obligatoire, elle témoigne aussi de la légitimité et de l’intérêt pédagogique que l’établissement scolaire porte à l’EVARS. L’objectif principal à la fin de ces séances, c’est que les élèves et étudiant-es aient identifié le Planning familial comme un lieu ressource en santé sexuelle.

Des attaques répétées contre l'EVARS

 

Ces derniers temps, des établissements subissent les attaques directes des organisations de parents – menaces et intimidations des personnels, tracts et courriers envoyés aux parents, vandalisme, voire incendies en Belgique. Elles portent un discours qui allient critique du « wokisme », de la « théorie du genre » et complotisme au service de la désinformation. Selon elles, les militant-es queer et féministes traumatiseraient les enfants en niant « les différences biologiques entre les filles et les garçons », en leur enseignant « le Kamasutra et la masturbation », en rendant les enfants trans, en prônant «  le bisexualisme et le polyamour, [en banalisant] les transitions de genre » (Max Brisson, sénateur LR), en « endoctrinant les élèves, les forçant à parler de sexe, ce qui s’appelle de la corruption de mineurs » (Parents en colère). Récemment, un article du Monde, relayait les propos de Noémie, salariée au PF13 : « Durant les réunions scolaires, certains parents accusent nos actions d’éducation à la sexualité de pousser les élèves à l’homosexualité, ou d’inculquer la masturbation », regrette celle qui, à l’instar de « nombreux collègues », s’est vue traitée de « pédophile », à la fois par des enfants et des adultes, au motif que ses interventions « sexualiseraient » la jeunesse. »

 

Nous restons mobilisées pour faire de l'éducation à la sexualité un outil accessible à toustes et porteur de changements sociaux profonds.

Nous retrouvez pour le 8 mars et des liens pour aller plus loin

L'équipe bénévole du Planning familial 13 vous propose de se retrouver jeudi 6 mars à 17h au 106 boulevard National pour préparer ensemble pancartes et banderoles pour la manif du samedi 8 mars (départ 14h30 au Vieux Port).

À propos de l’EVARS :

Documentaires :

Presse :

Un article de Mediapart du 21 février 2025 révèle les résultats de l’étude « (Cyber)violences de genre chez les jeunes de 11 à 18 ans » dont le ministère de l’éducation repousse la publication : 43% des élèves ont été victimes de violences sexuelles au cours de la dernière année ; seulement 26% des victimes de violences en parlent et seulement 13% des victimes se tournent vers des adultes de l’école.

PodcastS :

Comptes Instagram :

@ Association Parents & féministes

Le Planning familial 13 recommande !

Pour aller plus loin...

 

Le constat que fait Camille N, coordinateurice des actions en lien avec le handicap et du programme « Handicap et Alors ? » au Planning Familial 13, c’est que le handicap n’est pas un sujet dans le débat public. Les seuls relais médiatiques qui existent sont au choix validistes et misérabilistes – on pense par exemple au Téléthon – ou alors sous-tendus par un discours méritocratique dans le cas des Jeux Paralympiques, qui sur-valorise les athlètes et leur « courage ». Les personnes en situation de handicap sont sous-représentées dans les médias, dans les productions culturelles, déconsidérées politiquement et bien souvent exclues des politiques publiques en matière d’éducation à la sexualité.

Au Planning familial, nous réalisons tout au long de l’année un travail de veille sur l’actualité politique, l’actualité de la recherche médicale et universitaire, et la théorie politique en rapport avec le handicap. Pour aller plus loin sur les luttes handies et les questions de handicap et de validisme, et pour enfin donner la parole aux personnes concernées, nous vous recommandons :

  • De chair et de fer. Vivre et lutter dans une société validiste, un essai de Charlotte Puiseux
  • Nos existences handies, un recueil de textes de Zig Blanquer, militant handi à l’origine du terme "validisme" en langue française. Une super introduction aux pensées handies !
  • Le podcast H comme handicapé-e-s

Et les comptes Instagram à suivre !

@ La vie à croquer
@ Paye ta psychophobie
@ Sexpair santésexuelle
@ Les dévalideuses